I.
Le cadre et l’esprit
Nous conseillons à
tous l’excellent document diffusé sur
internet « La danse de création à
l’école de l’équipe EPS1
de la Mayenne-2010 ».
Ainsi, ce qui suit devient un exemple vivant de
cette démarche de création, propre
à l’espace scolaire, à ses objectifs
et à ses contraintes.
Ce qui aura primé dans cette aventure est
la danse et la joie de la rencontre. La rencontre
est celle, depuis plusieurs années, entre
les deux enseignantes que nous sommes. C’est
aussi la rencontre, répétée,
toujours différente avec nos élèves
et de nombreux adultes, ainsi qu’entre les
élèves eux-mêmes.
L’autre élément fondateur de
notre démarche est le pari de la réussite
collective et par là-même la joie pour
chaque élève de découvrir une
partie de ses potentiels d’expression, en
même temps qu’il découvre les
prémices de l’univers de la danse.
Nous souhaitons à tous cette joie dans l’exercice
de leur métier, au-delà de tout ce
qui semble souvent freiner les entreprises de chacun.
A l’école Louise Michel, quelques piliers
du « vivre ensemble » sont considérés
par l’équipe enseignante comme fondateurs
des apprentissages. Parmi eux, la liberté
pédagogique s’associe à une
prise en compte de ce qui peut symboliser un cadre
structurant pour les élèves. Sans
avoir de règles communes figées que
les adultes arrivants nouvellement dans l’école
devraient faire respecter au prix d’un renoncement
à leurs principes et à leur façon
de faire, un univers de respect du travail scolaire
est sans arrêt visé par les adultes,
avec comme conséquence d’offrir aux
élèves une visibilité de ce
cadre. Cet univers est basé au moins sur
:
- le calme, la propreté de l’espace
et de soi-même,
- l’organisation codée et claire de
chaque classe, différente selon les enseignants,
- le même respect pour toutes les disciplines
d’enseignement (avec des accents différents
selon les enseignants),
- l’égalité entre les élèves
(quels que soient leurs rapports à l’école,
leurs âges, leurs genres, leurs personnalités…),
- le pari de la réussite scolaire, malgré
toutes les difficultés, par l’engagement
dans un collectif, celui de la classe, et dans la
mesure du possible de l’école,
- une visibilité franche auprès des
élèves et de leur parents d’un
collectif adulte respectueux de chacun de ses membres.
C’est dans ce contexte que l’activité
« danse » au CE2 s’est mise en
place, année après année, en
se perfectionnant. Nous aimons
mettre en place dans nos classes cette activité
prévue au programme. D’autres collègues
aussi la prennent en charge, mais pas l’ensemble
de l’équipe. Peu importe, il y a tant
à faire, tant de choses et d’univers
à découvrir. Chaque enseignant a de
quoi se faire plaisir dans sa mission,
tout en respectant les programmes! Aujourd’hui,
dans l’Oise, il est demandé aux équipes
de s’assurer que l’ensemble des domaines
de l’activité physique soit vécu
par chaque élève pendant son cursus
élémentaire. Soit on remplit les cases
et on se contraint pour répondre aux ordres
institutionnels, soit chaque enseignant donne ce
qu’il aime pour organiser les apprentissages
au sein de sa classe. Nous avons choisi de mettre
le plaisir au centre de notre métier. En
prenant soin d’apporter effectivement aux
élèves ce que l’école
leur doit dans le domaine des activités physiques,
nous nous donnons de meilleures conditions de réussite
en transmettant ce qui nous enthousiasme. Par ailleurs,
la prise en charge d’activités par
deux adultes peut favoriser la réflexion
et la dynamique. C’est pourquoi dans cette
école, de nombreuses disciplines sont préparées,
voire encadrées par les enseignants en binômes
ou en trinômes, sur la base de ce qu’ils
aiment faire.
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C’est
dans ce cadre et dans cet esprit que nous avons
mis en place, ce projet de danse. Les conditions
matérielles le permettaient : nous avons,
à proximité de l’école,
accès à une véritable salle
de danse.
Nous avons fait le choix de réunir nos élèves,
alors même que nos deux classes avaient chacune
un effectif de 27 élèves. Cela peut
paraître contradictoire avec une activité
d’expression telle que la danse. Nous ne l’avons
pas nié et nous nous sommes organisées
autour de ce défi pour en dépasser
les obstacles. A deux, nous étions plus fortes,
dynamiques, créatives, réactives,
que chacune dans son coin. Chacune apportait sa
personnalité dans un projet encadré
par une réflexion nourrie du travail de la
didactique de la danse, (cf. « La danse de
création à l’école de
l’équipe EPS1 de la Mayenne-2010 »)
mais surtout de stages de formation pratiqués
par l’une de nous et d’un plaisir de
danser partagé par nous deux, sans être
pour autant danseuses.
Les séances ont eu lieu sur plus d’un
cycle classique de sport pour pouvoir aller loin
dans la démarche (c’est-à-dire
plutôt 14 à 16 semaines). Nous nous
sommes autorisées cette prise d’initiative
car nous pratiquons d’autres activités
sportives avec ces élèves et veillons
à ne négliger aucune discipline d’enseignement
par ailleurs, grâce à l’apport
des autres enseignants de l’école.